Je suis du genre anxieux, une voyageuse solo anxieuse, c’est tout un défi! En planifiant ce périple, évidemment, j’ai passé de longues semaines à planifier (vous avez lu plus haut? Je suis anxieuse!) et la question qui me rongeait c’était, mais par où commencer? Où aller habiter?
Tel que précédemment mentionné, mon projet consiste à passer un an en Europe avec un visa vacances-travail. Comme je suis une jeune professionnelle du réseau de la santé, je n’ai pas suffisamment d’argent pour voyager durant un an sans travailler et, de toute manière, ce n’est pas franchement ce que j’ai envie de faire. Je veux vivre en Europe, me sentir comme une habitante et je crois que travailler constitue une première étape adéquate pour y arriver. J’ai procédé par élimination. Je parle français et anglais. Je n’aime pas particulièrement la France et je n’ai aucun talent pour apprendre les langues, donc il me restait l’Irlande et le Royaume-Uni. J’ai déjà eu un visa vacances-travail en Irlande, donc je ne peux en avoir un deuxième. Il me reste donc le Royaume-Uni. Facile jusque-là, j’en conviens!
Ça se corse plutôt rapidement. Le Royaume-Uni compte quatre nations constitutives: l’Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galle et l’Irlande du Nord, ça fait beaucoup de choix. À dire vrai, à l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore vraiment pris une décision. J’ai choisi la facilité pour commencer, et ensuite, je me suis dit que je me laisserais porter par la vie. Quand je dis la vie, je veux dire les évènements, vous comprenez ce que je veux dire! La facilité faisant référence à l’Irlande du Nord, je vous expliquerai pourquoi ultérieurement.
À deux semaines du départ, j’ignore encore où j’irai habiter et où je travaillerai. Je dois prendre sur moi pour éviter de céder à la panique et tout planifier. Le but de ce voyage étant de me laisser porter par les opportunités et les rencontres.
Je n’ai probablement pas cherché assez sur la toile pour trouver des récits d’aventures comme la mienne qui parlait des doutes et des incertitudes, mais j’ai l’impression que personne n’en parle vraiment. Du moins, pas de la manière dont je le vis. J’ai rêvé d’avoir le courage et la motivation nécessaire à réaliser mon projet durant de nombreuses années, 8 ans pour être exacte. Quand je cherchais de l’information ou de la motivation dans les blogues des autres voyageurs, j’avais toujours l’impression d’être servie d’un remake d’entretien motivationnel avec des phrases comme expérience d’une vie, tu ne vas pas le regretter, meilleure décision au monde. Mais qu’en est-il des doutes, des incertitudes, des peurs? La publicité du voyage est à l’image des réseaux sociaux selon moi, on montre le beau et on parle peu du moins beau.
Loin de moi l’idée d’avoir un blogue voyage qui ne sert pas à faire rêver, instruire et encourager les gens à voyager, mais j’aimerais parler du reste. J’aimerais parler des efforts investis dans la planification, du vertige de laisser notre vie d’avant derrière, celle que l’on a construit et qui n’est pas parfaite, mais que nous avons forgée, dans l’espoir d’une nouvelle vie de périples, d’expériences et de découvertes.
Depuis mon premier voyage solo à 20 ans, mon père me pose la même question, mais pourquoi? La réponse s’explique en longueur, mais fait référence à la simplicité. Je voyage en solo pour l’expérience humaine (voir la section à propos pour des détails). Pour aller à la rencontre de l’humanité dans d’autres langues, d’autres cultures, d’autres endroits. Mes expériences les plus mémorables de voyage ne reposent pas en des lieux ou des monuments, mais en des moments partagés avec des étrangers qui deviennent familiers. La plupart du temps dans des endroits magnifiques j’en conviens, mais la magie vient des gens, de l’amour de leurs contrées, de leurs cultures et du bonheur de la faire découvrir à autrui.
Je voyage également pour être moi-même. Une version de moi plus libre et moins influencée par les attentes des autres. À chaque fois que je voyage, je découvre une nouvelle version de moi forgée par la nouveauté, mais également la perte de petites parties de mon être que j’abandonne dans les endroits où j’expérimente l’amour. Je ne fais pas référence à l’amour romantique ici, mais bien à l’amour de la nourriture, des paysages, des gens, des expériences. Et les voyages en sont remplis, un condensé de périples parsemé d’amour.
Un poète que j’apprécie grandement a écrit: «Maybe we feel empty because we leave pieces of ourselves in everything we used to love». L’auteur se nomme Robert M. Drake et je considère que ça résume en une phrase ce que j’ai expérimenté en voyage. J’ai laissé des parties de moi-même à chaque destination qui m’a marquée et lorsque je revisite ces endroits, je me sens connectée, vivante. Voilà la réponse à la question que ma sœur me pose sans arrêt. Pourquoi retourner toujours aux mêmes endroits?
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