Peut-être que la solitude et l’euphorie peuvent coexister en l’espace de quelques heures, peut-être que l’on peut se sentir chez soi tout en ayant le mal du pays, peut-être est-ce l’essence de s’expatrier et de vivre l’unique expérience d’être entre deux; ni un voyageur, ni un local.
Dans six jours, ça fera déjà six mois que je suis partie. Il y a six mois, je m’apprêtais à entreprendre la plus grande aventure de ma vie, remplie de surprises et de moments improbables. Par moment, le temps semblait tellement long qu’on aurait cru qu’il s’était arrêté. Par d’autres, je l’aurais volontairement arrêté moi-même pour que ça dure ne serait-ce que quelques instants de plus. La réalisation que je suis déjà à la moitié de cette grande aventure me donne des vertiges. Mon départ et les moments le précédant me semblent si près, mais à la fois d’un lointain passé.
Les dernières semaines depuis mon retour d’Espagne sont remplies de questionnements et de remise en question. Je crois que ces questionnements sont le résultat du retour au calme et au travail après plusieurs voyages incroyables et des rencontres mémorables. Plus je passe du temps à l’étranger en solo, plus j’ai des questions et moins je trouve de réponses. Un paradoxe que plusieurs voyageurs vivent lors d’aventures en solitaire.
Plus j’essaie de fuir, plus les questionnements se font oppressants. Je me questionne sur ce qui vient après, ce qui vient après une telle expérience. Il n’y a pas de mode d’emploi dans ce domaine et si peu de gens qui ont vécu une expérience similaire.
Je crains de manquer de temps, du plus loin que je me rappelle, j’ai toujours craint de manquer de temps. Cette soif de vivre intensément est si puissante qu’elle en devient bien souvent écrasante. Je sens en permanence que je dois réaliser mes rêves et mes projets maintenant, comme si l’avenir n’existait pas. Il ne faut pas croire ici que je vis dans le moment présent, je vis plutôt avec l’angoisse perpétuelle que le temps me glisse entre les doigts et que je devrais en faire plus, toujours plus, toujours plus vite.
J’imagine que je devrais terminer par une conclusion, mais je n’en ai aucune.
Ce dont je suis certaine en revanche, c’est que je ne changerais rien. Je ne changerais rien aux questionnements, aux incertitudes, aux déceptions et aux grandes peines. Parce que cela a pavé le chemin vers les moments mémorables, les rencontres surprenantes, les opportunités hors du commun et tous ces instants où la vie semble avoir comploté pour m’offrir une part de bonheur tellement imposante qu’elle donne l’impression de relever du mirage.
Tu as toute mon admiration Marianne, sortir de la sorte de ta zone de confort, wow. Une jeune femme qui décide de voyager seule à des défis plus grands encore! Tu écris tellement bien et tes photos sont sublimes, moi qui aime voyager j’adore te lire! Merci du partage et bonne route!